6 - Hello... de Malaisie
Voyage du 7 novembre au 10 décembre 2011
Les deux gars nous déposent devant la frontière. Il y a un passage pour les piétons, on l’emprunte. Les gens se ruent littéralement vers les guichets, ils courent pour faire la queue. On les voit tous sans exception mettre un billet dans leur passeport à destination du douanier. On se pose la question, mais hors de question pour nous de cautionner cette corruption. Et on passe sans problème, mais peut être aussi grâce au fait que nous soyons blancs. Au second guichet, celui d’entrée pour la Malaisie, on voit que le niveau d’anglais n’est pas le même. Ils contrôlent les empreintes digitales et nous posent quelques questions. La première : « êtes vous mariés ? », puis « C’est parce que vous ne vous aimez pas assez ?». On entre en terrain musulman, ca annonce la couleur !
Arrivés de l’autre coté de la frontière, je revêts un pantalon.
On s’installe faire du stop, on est pris très peu de temps après par des Pakistanais installés en Malaisie pour faire du business, mais on ne sait pas trop quelle sorte de business, on sait juste qu’ils se rendent à une autre frontière après. Un flic les arrête au milieu de la route, et ils fouillent nos sacs. Les conversations dans le trajet tournent autour de la religion, et ils disent ne pas vouloir nous offenser en en parlant, mais on sent qu’il y a une grosse différence entre les Bouddhistes et les Musulmans. On est quatre grands gaillards a l’arrière, au début ca va, mais après on a bien mal aux fesses. Ils nous font faire pas mal de bornes, et nous laissent à un péage d’autoroute avec une petite aire toilettes. On décide de rester là car la nuit est déjà tombée ; il y a une heure de décalage avec la Thaïlande.
On est cachés derrière une petite cabane, pas terrible comme endroit mais on a pas 36 options. La nuit se passe bien.
Le lendemain matin, c’est un genre de chinois qui nous sort de l’autoroute. Il ne se rend pas à Ipoh comme nous le souhaitons, mais au moins il nous sort de l’autoroute et ce sera plus facile de faire du stop. Il nous dépose dans un centre commercial ou nous changeons de l’argent. Pas moyen de trouver une carte de la Malaisie. Des gens font du ‘stretching’ en plein milieu du centre commercial, vraiment loin de notre culture... Ils ressemblent pas à grand-chose, mais c’est amusant. On va dans le supermarché ‘Giant » acheter à manger. Que des produits inconnus, ca prend du temps pour connaitre les produits et les rayons ! Pour finir on va au rayon des plats tout faits, un homme nous dit qu’un tel plat est bon, on le prend sans plus se poser de questions, et on le mange par terre devant le supermarché, comme des clochards, sous des regards amuses, mal à l’aise ou d’ignorance.
Nous demandons la route pour se rendre à Ipoh, mais les gens nous indiquent invariablement l’arrêt de bus… On marche un peu sous le soleil et on tombe sur un magasin de scooter. On va se renseigner sur la possibilité pour des étrangers d’en faire l’acquisition, ainsi que le prix, l’assurance etc. Il n'y a pas le modèle que Morgan avait repéré en Thaïlande, mais au moins c’est possible d’en acheter un, et on envisage une nouvelle fois la possibilité de rentrer en France avec. On se remet en route, ca s’arrête pas dur. Apres une bonne 1/2heure d’attente, un gros 4x4 s’arrête avec une femme voilée dedans. Elle parle bien anglais et nous raconte qu’elle a pas mal voyagé, notamment en France. Elle nous dépose sur le bord d’une route ou nous attendons encore un bon moment. Morgan demande à un routier garé devant nous s’il peut nous déposer plus loin. Il nous laisse à une station essence.
A peine arrivés à la station qu’un homme nous fait signe et nous demande ou on va. Il va à Kuala Lumpur et passe par Ipoh. Il parle dans un anglais impeccable et c’est bien agréable. On discute bien sur la route, il nous apprend que les Malais n’apprécient pas particulièrement leur roi, parce que sur les 9 rois des 9 régions, le pouvoir tourne tous les 5 ans. Ce système a été instauré par les Britanniques pour l’Union du Royaume, et aussi pour ne pas faire de jaloux entre les rois. Il nous apprend également que sont enseignées 3 langues à l’école ; le Cantonais, le Malais et l'Anglais ; que le pays est un grand producteur de rubber (latex), et de palm tree (qui produit de l’huile). De fait, on voit des palm tree partout. Il nous dit aussi que des indigènes vivent dans les montagnes, au dessus des grosses autoroutes. Il nous invite à squatter sa chambre d’hôtel si nous nous rendons a Bornéo, vraiment très aidant et sympathique. Nous sommes très heureux de l’avoir rencontré et je pense que c’est réciproque.
Arrivés à Ipoh, il nous prête son téléphone pour récupérer des numéros de couchsurfing sur internet, et pour les appeler ensuite. Il nous emmène à l’autre bout de la ville parce qu’il n’est ‘pas en rush’ ; trop cool.
Nous arrivons dans un grand hôtel resort et je me demande s’il n y a pas erreur ou arnaque, sachant que le mec chez qui nous allons nous avait parlé d’un coin de foret tranquille. En fait non, Pavin est le responsable outdoor d’un grand resort qui n’est pas encore ouvert.
Nous faisons la rencontre de Pavin. On passe un bon moment tous les trois à boire des bières, discuter et jouer de la musique. C’est bien sympa et on se dit qu’on est encore bien tombés. Mec cool, cadre génial, super lits, grands projets pour les jours à venir. Plus tard dans la soirée, il appelle son ‘meilleur ami’, Ada, et lui dit de nous rejoindre parce que sa femme Micha va se faire opérer le lendemain dune grosse tumeur dans l’estomac et il a besoin de se changer les idées. (nous nous rendons compte aussi de la relativité du mot ‘ami’).
Ils sont très gentils et amicaux et on passe une super soirée. On se baigne dans le lac juste en dessous de la maison, lancer de vase, course de pédalos… Ensuite nous allons manger un peu avant de se diriger vers des waterfall ou les gars se baignent et pêchent des petites crevettes. On les fait griller au barbec en rentrant et je subis une grosse pression sociale pour manger la crevette avec sa tête et ses petites papattes et antennes. Slurp.
Le lendemain je me lève vers 16h... La journée s’annonce productive ! Morgan est parti jouer au golf avec Dan ( un anglais,collègue de Pavin), et Pavin. Plus tard, deux nouveaux partenaires de travail arrivent. On est invités le soir à un business diner avec eux et le big boss de Pavin dans un resto chinois. Ca nous parait un peu étrange d’être invités, mais encore une nouvelle expérience à prendre !
On est dans une petite salle VIP, c’est marrant on n’avait jamais vu ca dans un resto. On mange encore comme des ours, il y a je ne sais combien de plats sur la table, tous aussi bons les uns que les autres. On nous sert un whisky, puis deux puis trois… C’est ca les business diner, et le big boss doit tenir l’alcool évidemment pour rester crédible. On ne participe pas des masses à la conversation mais c’est bien sympa, et on se régale. Une fois le repas fini, on poursuit la soirée dans un bar, puis dans un autre. Et oui les Malaisiens sont fiers de dire que c’est le pays ou l’alcool est le 2eme plus cher au monde après la Norvège, mais que ce sont parmi les plus gros consommateurs…
En rentrant a Kindding (c’est le nom du resort), Morgan et Pavin font de la boxe Thaï, moi je me marre bien. Morgan se débrouille pas mal, mais soudain, il perd une dread, et c’est le drame... :)
Le lendemain et les jours d’après, on passe de très bons moments avec eux, mais on se rend compte tout de même que les Malaisiens ne sont pas très à cheval sur les horaires et sur les engagements…
On passe une semaine à faire lessives, nettoyage, monter une balancelle, baignades dans la piscine, visite de Micha à l’hôpital, puis blog de la Thaïlande la journée, soirées avec les potes de Pavin le soir autour d’un feu, d’un barbec ou d’une rivière, visite d Ipoh… On chante, on apprend le malais et eux le français, on discute de surnaturel dans la jungle, de mariage, de religion, du rude métier de conducteur de train-meurtrier puisque beaucoup de personnes se suicident (ou se font suicider) sur les rails… et ce jusqu’a 7h du mat, et sans une goutte d’alcool !! L’avantage d’être avec des musulmans…
On voit aussi une grosse communauté de singes bruyants et peureux, sur le terrain de golf, ainsi qu’un gros varan qui traverse devant nous, pépère. On essaie de faire nos reporters animaliers, mais ils fuient quand on se rapproche d’eux.
Ils décident de nous emmener lors d'une soirée, visiter la plus grande mosquée du coin, à Kuala Kangsar. Elle est grandiose, et on l'aurait bien visitée, mais trop tard... C'est à une heure de route, alors en arrivant ils nous montrent les attractions touristiques comme un avion de l’armée, que les filles sont ravies d'imiter, le palais royal, la rivière etc. On passe encore une très bonne soirée.
Pour ce qui devait être notre dernière soirée à Ipoh, nous sommes invités à rencontrer la famille d’Ada et Micha. Nous arrivons avec peine à acheter un gâteau car ils ont un sens aigu de l’accueil et refusent que les invités paient quoi que ce soit. Adorable, mais un peu embarrassant des fois. Dans la voiture, Jo et Ada nous apprennent « Apacabar Machi et Apacabar Pachi » pour dire « comment ca va » aux parents. La pression monte dans la voiture, cette rencontre parait assez officielle. Quand on arrive, ils sont assis en rond et en silence. Je sors un beau « Apacabar Pachi » au père de Micha, sans grand succès pour ne pas dire que c’est un fiasco. Il me répond en malais et fait rire tout le monde, nous on ne comprend rien. Sympa !
On va s’asseoir sur le canapé, les gars sont dehors et nous laissent dans le grand silence à l’intérieur avec des adultes qui nous fixent. On s’observe sans trop savoir quoi se dire. Ca parait durer une éternité, puis ils reviennent enfin et on arrive à communiquer. Jo prend la place centrale de traducteur qui lui plait beaucoup et nous, nous arrange. Nous avons le droit à un gâteau, une soupe de riz noir (sucrée) et une boisson de fleur de ‘roselle’ faites par la mère d Ada. Les anciens ont déjà mangé, c’est une habitude aussi chez les asiatiques de ne jamais manger en même temps, même au restaurant, les premiers arrivés commandent et mangent, et les derniers mangent seuls...!
Le père de Micha joue de la guitare, Morgan fait une petite démo de didgeridoo, puis le père de Micha nous raconte de vieilles histoires de la religion musulmane, d’Adam et Eve, pendant que nous dégustons le barbecue (et qu’ils nous resservent les assiettes encore à moitié pleines). Nous passons un moment unique au sein d’une famille malais, nous en avons bien conscience.
Puis vient l’heure ou nous devons les quitter, ca nous fait quelque chose de nous dire qu’on ne les reverra peut être plus jamais. Sur le chemin du retour, lueur d’espoir; le pare choc tuning de Jo se casse la gueule. On a encore un peu de temps avec eux ! Et ca nous fait bien marrer de voir Jo se démener avec son pare choc.
En nous déposant à Kindding, ils nous disent que nous faisons partie de leur famille, qu’ils sentent qu’on se reverra … Puis ils nous parlent d’un mariage d’un de leur pote dans 15 jours a Melacca ou nous sommes invités, nous essaierons donc d’y aller. Nous rentrons dans notre chambre, pensifs. On s’attache beaucoup plus et plus vite aux gens en voyage, on a l’impression de se connaitre depuis des années suite à des moments aussi intenses.
Le lendemain, on passe la journée à faire le blog. On devait partir dans l’aprèm mais il n’en est plus question : gros bug informatique et toute la mise en page est perdue. Morgan est dépité mais s'y remet peu de temps après. On décolle le lendemain vers 14h de Kindding après cette grosse pause qui aura duré plus d’une semaine…
Un policier nous prend très rapidement, puis un ingénieur qui nous dépose à la gare d’Ipoh ou nous devions retrouver un autre couchsurfing. Je l’appelle. Pas de chance, il rentre à l’hôpital parce qu’il est suspecté d’avoir la dengue. Heureusement, ca nous a rapprochés de la route de la prochaine ville ou nous voulions nous rendre. C’est un petit jeune qui nous prend peu après, il croit que nous sommes en panne de voiture… Il est très gentil et on discute bien. Il nous sort « Tout le monde est aussi beau que vous en Europe ?? » Il nous laisse à Gopeng et demande à quelqu’un de nous prendre tous les trois en photo. La ville est mignonne mais toute petite. On demande notre chemin et on continue la route.
La personne qui nous prend ensuite est un Indien Chrétien (il nous le dit à plusieurs reprises), bourré, qui conduit un camion. Au début je ne me rends pas compte à quel point, mais Morgan si. Après avoir entendu ses 5 phrases fétiches en boucle et ses déviations régulières de l’autre coté de la ligne blanche, on se dit qu’il faut descendre rapidement du véhicule. On lui demande de nous laisser au feu mais il nous dit « non, non » ; on ne sait pas trop comment le prendre et quelles sont ses intentions. On insiste et il nous laisse peu après sur le bord de la route. Grand soulagement ! On pense à procéder à un alcootest de nos prochains conducteurs…
Une voiture garée en face de la route nous observe à travers les vitres teintées. Il a l’air bizarre et nous fait signe de venir le voir. On monte avec lui après avoir été un peu rassurés. Il est de la police secrète. Il nous laisse dans un terrain vague entouré de maisons et de restos ouverts 24h/24 et nous demande à quelle heure on compte partir le lendemain. Il nous dit qu’on y sera en sécurité. On psychote un peu parce qu’on se dit qu’il sait ou on va dormir et qu’il peut très bien revenir dans la nuit. Il nous dit qu’il reviendra nous chercher le lendemain pour nous déposer sur la grande route, mais finalement nous ne le reverrons pas.
On va manger indien, on adore, devant le grand écran ou se déroule le match de foot Indonésie- Malaisie, puis on installe la tente dans un petit abri à coté dune école islamique. Dans la nuit, Morgan me réveille : une moto vient juste de se garer devant la tente. Gros coup de flip. Elle nous regarde et repart.
Le matin, tous les enfants nous font des sourires et viennent nous voir, ils sont mimi dans leurs petits uniformes, et surtout très surpris de voir des campeurs dans leur école.
Le lendemain nous marchons jusqu’à la grand route, le stop marche pas terrible. Un camion nous fait signe. Ce sont deux indiens très sympa qui se rendent à Kuala Lumpur ; nous, voulions nous rendre à Cameron Highlands. Nous ne savons pas si nous devons les suivre jusqu’ à KL et profiter de l’opportunité d’avoir un transport, ou pas. Ils s’arrêtent sur la route prendre leur petit déjeuner, nous les suivons bien que nous n’ayons pas faim. Ils nous offrent des chapatis et nous repartons. Ils insistent pour que nous allions à Cameron Highlands, on ne sait pas si c’est parce que ca vaut vraiment le coup ou si c’est parce qu’ils veulent continuer la route sans nous. Ca semble plutôt être la première option, à leurs yeux.
En retendant notre pouce, on voit un mec qui descend de sa voiture et frappe un autre mec en scoot avec un bâton. Ca dure pas trop longtemps mais on est sur le cul, et comme souvent, impuissants dans ce genre de situation.
Un homme s’arrête en minivan, il nous dit qu’il vient d’avoir un accident et que c’est la voiture du garage (On aura vu un nombre impressionnant d’accidents de voiture en Malaisie). On fait un bon bout de chemin avec lui dans l’ascension sinueuse vers Cameron Highlands. On discute vraiment bien avec lui et il se fait notre guide touristique. Il est très pédagogue avec Morgan pour son anglais, lui parle doucement et essaie de le faire parler. Un peu inattentif parfois, il se bouffe un genre de borne kilométrique, ca nous fait chavirer à l’autre bout du véhicule. Sur la route on voit énormément de serres, de plantations de thé, de fraises, (ou y travaillent beaucoup d’indonésiens et de Birmans illégalement), et nombre de chutes d’eau, petites et grosses, qui donnent une atmosphère encore plus paisible a l’environnement.
En arrivant, on ne voit que des blancs, des magasins… On décide de repartir direct, les paysages étaient beaux, c’est ce qu’on voulait voir, le reste n’est pas pour nous. Malheureusement, la pluie fait des siennes et nous sommes bloqués plusieurs heures. On remonte sur la route mais ce ne sont que des virages de montagne, donc impossible de s’arrêter. A deux sous mon petit parapluie délabré, on trempe, donc on retourne s’abriter. Il pleut toujours quand on se remet au stop, mais c’est raisonnable. C’est un anglais prof en Malaisie et sa compagne de voyage, une locale, qui nous prennent. Eux-mêmes sont perdus, et lui n’a aucun sens de l’orientation, encore pire que Morgan et moi réunis. Ils sont bien sympa et nous montre un camping ou ils pensaient passer la nuit suivante. Ils nous proposent de rester avec eux, mais on continue la route puisqu’ils ont réservé leur nuit d’hôtel pour la nuit, et qu’il flotte.
Un fermier chinois nous emmène jusqu’a l’intersection suivante ; il gueule au téléphone et parle vraiment comme la caricature d’un chintok, comme dans tintin, on se retient de rire.
Plus tard, un gros 4x4 s’arrête avec deux hommes ; ils vont jusqu’ à la cote est. On se dit qu’on a trop de chance et on monte dans le cul du pick up. Il nous demande si on fume, Morgan dit que non mais que moi oui. Il sort une clope, et ne m’en propose pas, contrairement aux autres. On se dit juste qu’il est un peu bizarre.
Les paysages sont beaux, mais peu de temps après, une énorme pluie nous arrive dessus. On sort la bâche mais on se fait inonder de partout. La nuit tombe, ils tournent vers des petites routes, puis s’engouffrent dans des petites ruelles. On commence à s’inquiéter puisqu’ ils n’étaient censés ne passer que par les grosses routes. Finalement, on s’arrête déposer le premier homme. Sa femme nous offre un chocolat chaud, des biscuits au fromage, et nous fait de grands sourires bien qu’elle ne parle pas anglais. La communication est très difficile, aucun d’entre eux ne parle anglais. Le deuxième homme me passe sa fille au téléphone, mais elle non plus ne comprend strictement rien à ce que je lui dis, et pourtant je fais l’effort de parler très lentement et distinctement. On fonctionne donc par texto, et on lui demande de poser notre tente là ou nous sommes en ce moment, et ne pas continuer avec son père. Il n’attend pas la réponse, mais démarre sa voiture et nous fait signe de le suivre. On comprend pas trop, mais on se dit qu’il veut nous inviter chez lui, et même si ce n’est pas ce que nous voulions à la base, pourquoi pas ! Pas beaucoup de conversation dans la voiture, il nous cite des marques de motos, de voitures… Puis, fier de lui, il nous montre les photos de ses femmes ; la ‘number one’, la ‘number two’, et la ‘number three’… Il est musulman et nous sommes dans un coin strictement musulman.
Il fait signe de manger, et s’arrête dans une gargotte avant d’arriver chez lui. Il nous commande un plat local. Quand Morgan est parti aux toilettes, il me demande si on est mariés et me fait des grands sourires, sans oublier de laisser trainer son regard sur ma poitrine, pourtant largement cachée par un t-shirt manches longues. Les clients autour de nous ont l’air particulièrement hostile. Aucun ne nous fait de sourires, et quand j’ose en faire un à une femme, elle crispe immédiatement son visage et me regarde avec mépris. Sympa ! Au moment de l’addition, notre ‘hôte’ qui ne parlait pas du tout anglais arrive tout de même à sortir à la serveuse un ‘how much’ clairement à notre égard, pour nous dire de régler l’addition.
On arrive dans la maison de la ‘number one’, la ‘chinese’ comme il l’appelle. Elle est très étonnée de nous voir. On voit plein de jeunes pointer leur nez au balcon, on s’imagine que ce sont tous leurs enfants, en fait ce sont des Indonésiens qui travaillent pour lui, dans les champs de rubber tree, et vivent chez lui. Ils sont 10 dans une chambre, mais il y en a plus ailleurs. Ils dorment par terre les uns à coté des autres, et c’est probablement le cas de beaucoup d’Indonesiens travaillant en Malaisie pour gagner plus d’argent et faire vivre leur famille restée au pays.
On se pose sur la terrasse, l’un des Indonésiens fait la traduction en anglais entre eux et nous. La femme a l’air limitée intellectuellement parlant. Elle ne sait pas que l’anglais est une langue internationale, que le français et l’anglais sont différents. Elle n’a surement pas été très ouverte sur le monde dans sa jeunesse, on a du simplement lui apprendre à être une bonne épouse et une bonne mère. Ce n’est déjà pas si mal, son mari a l’air de beaucoup l’apprécier. Ambiance très bizarre, l’indonésien qui a l’air trop gentil semble gêné par sa patronne, il n’ose pas traduire la plupart de ce qu’elle dit. Il nous raconte qu’il rentre environ tous les trois ans voir sa famille, et que la vie en Malaisie ainsi que ce travail sont très durs physiquement et moralement. On est déçus de ne pas plus parler avec lui, mais on sent bien qu’il n’est pas très libre dans sa parole parce que sa patronne lui demande de traduire ce qu’il nous dit.
On ne sait pas qui on doit le plus craindre, les riches patrons ou les pauvres travailleurs, mais on va se coucher en faisant gaffe à nos affaires. On dort dans la même pièce que la femme et son fils. Ils nous regardent sortir nos matelas gonflables, duvets, et en demandent le prix. La maison est loin d’être propre, et on se fait bouffer par les fourmis dans la nuit. Morgan oublie son pantalon, trempé de la veille.
Le matin on prend le petit déjeuner avec la 2eme femme, la ‘Pakistanaise’ comme il l’appelle. Nous nous installons à table, les enfants mangent par terre. La 2eme femme a l’air beaucoup plus intelligente que la 1ere, et a l’air très gentille. Mais elle ne parle pas anglais non plus et on ne se dit pas grand-chose en mangeant notre poisson et riz …
Le polygame nous emmène ensuite à des chutes d’eau. Il s’arrête au milieu des chutes (forcément, il va dedans pour nous montrer qu’il a un super 4x4), pour qu’on prenne des photos, et Morgan descend du véhicule. Il démarre la voiture et avance vers un petit chemin. Gros coup de flip. Au moment où j’allais lui demander ce qu’il faisait, il fait demi -tour et ravance vers Morgan. On pense qu’il en a fait exprès pour nous faire peur.
Il nous emmène ensuite à son magasin de motos (et oui c’est un homme important, il a des champs de rubber, et un magasin de motos ! Mesdames, il n’a droit plus qu’à une 4eme femme encore, dépêchez vous !), ou se trouve sa 3eme femme, la ‘Japonaise ‘. On se demande pourquoi il nous a amenés ici, mais c’est probablement pour se donner de l’importance. On lui dit qu’il est temps pour nous de repartir, et au lieu de nous déposer à Kuala Krai comme prévu, il nous laisse 100m plus loin. Tant mieux, on est bien contents de le laisser. Je me demande comment font ces femmes pour partager un homme (bien que dans ce cas il vaut mieux le voir 3 fois moins souvent), et surtout pour n’être rien d’autre que des esclaves coincées à la maison et entièrement dépendantes de leur mari ; je me dis surtout que je serais très malheureuse dans leur cas. Dixit Morgan, la polygamie, « c’est naze » ! Bien dit !
Le mec d’après qui s’arrête pour nous ne parle pas du tout anglais. Gros silence dans la voiture mais ce n’est pas si mal. Ca fait du bien un peu de calme parmi l’agitation générale. Il nous redemande ou on va et on lui répond Machang. Il va mettre de l’essence, et je m’imagine qu’il nous sorte la facture après. On en est pas si loin ; arrivés à la station de bus de Machang, il nous demande de l’argent pour le trajet. C’est le premier. Heureusement il n’insiste pas trop, on se barre.
On cherche un cybercafé, puis on va appeler le couchsurfing qui nous avait accepté à Machang. C’est Choon Keat (beau et intelligent en Chinois), autrement appelé CK . C’est donc un chinois, et on se rend dans le magasin d’électronique de ses parents, puis on va manger dans un boui boui local.
Il a l’air en stress, surement parce que nous sommes ses premiers couchsurfeurs. Il nous montre une installation que ses parents ont faite pour récupérer les nids d’oiseaux, denrée très prisée en Chine pour en faire des potages. C’est apparemment bourré de protéines et bon pour la peau, et surtout ca se vend 2000 euros le kg en Chine. Il faut monter à l’échelle et je ne suis pas très rassurée du aux récents événements pré départ :)…
Il nous dépose ensuite à la maison secondaire de ses parents qui vient d’être finie. Ils ne comptent pas l’occuper, c’est juste pour les invités ! Elle est entourée de barreaux en fer, d’alarmes et de serrures. Ils sont très très à cheval sur la sécurité, et ce, bien qu’ils n’aient jamais été cambriolés. (Mais ce ne sont pas les seuls que nous voyons dans ce cas, il y a un manque de confiance dans les gens flagrant en Malaisie.) CK nous dit de n’ouvrir à personne. Leurs voitures se ferment automatiquement à clef en roulant, et sa voiture de marque Proton, malaisienne, bug et refuse de s’ouvrir parfois ; pas terrible surtout en cas de pluie subite…Mais drôle !
On fait une petite sieste et il vient nous chercher pour nous emmener à Kota Barhu. On mange, puis on se fait une chicha pendant qu’il nous donne beaucoup d’informations précieuses sur la culture de son pays. On passe une soirée très sympa. Dans l’Etat ou nous sommes, le Kelantan, l’alcool est interdit. Les musulmans sont au pouvoir et il est par exemple interdit pour les étrangers de se rendre dans les mosquées. Toutes les femmes de naissance ou d’acquisition musulmane sont tenues de porter le voile, et ils ont essayé d’instaurer la Charia dans cet Etat, comme par exemple couper la main aux voleurs, mais en vain.
On rentre se coucher, heureux d’avoir une grande baraque pour nous deux (et en sécurité !), et d’être dans l’Etat le moins modernisé du pays.
Le lendemain nous voulions faire une grasse mat, mais CK a planifié la journée, ce sera donc pour le sur lendemain… Il vient nous chercher vers 9h et nous emmène prendre le petit déjeuner avec deux de ses amis qui sont contents de pouvoir pratiquer leur anglais. On repart ensuite pour Kota Barhu visiter la ville et quelques temples à l’extérieur de la ville. Marche, repas dans un petit resto musulman ou on mange avec les mains, tres sympa, puis visite du musée japonais de la 2nde guerre mondiale, et rattrapage des cours d’histoire pour Morgan… Je fais toute la traduction des panneaux, j’en ressors la tête comme une patate (Morgan aussi...)
Le soir on mange des plats chinois avec la famille de CK ; Mickael et Pauline ses parents très gentils, et sa sœur. Puis c’est l’heure du rendez vous skype avec nos parents. Ils se sont réunis tous les 4 à l’Ermitage pour la première fois. Ils sont mignons tous les 4 derrière l’écran ! Ca nous fait bien plaisir de les entendre. Mickael vient voir à quoi ils ressemblent. Une fois fini, nous lui montrons nos photos dans le salon, il dit que ca lui permet de voyager quand il doit rester chez lui gérer sa boutique. Je squatte le siège massant trop bien :).
Il y a une vitrine dans leur salon très chinoise, très …différente, avec des petites peluches, des petites statuettes, des coupes que CK a eues au collège pour ses bons résultats en classe etc.
Ils nous proposent un ‘souper’, soit encore manger après le repas. On n’a pas faim mais on remange des ‘satés’, brochettes de viande sucrées avec de la sauce arachide sucrée, et on passe un bon moment avec Mickael et la sœur de CK.
Le lendemain, journée pour nous ; on dort jusqu’à midi, on fait des lessives, des shampoings, petit dej, impec ! Ca fait du bien de se retrouver tous les deux au calme, dans un espace moins confine qu’une tente et sans se dire qu’on peut se faire virer. Mickael vient nous chercher, on va gonfler des vélos, mais finalement on ne les utilise pas parce que CK dit que ce n’est pas prudent parce qu’ils n’ont pas de cadenas.
On va donc se promener en ville a pied, on a vite fait le tour, et surtout il flotte tout le temps ici puisque c’est le début de la saison des pluies. Et oui pas de bol, on quitte la fin de la saison des pluies au Myanmar et en Thaïlande, et on arrive au début de la saison des pluies en Malaisie !
Le soir on remange avec ses parents et on va chercher Scott, un américain qui vient aussi en couchsurfing chez CK. On va manger, encore, accompagnés de cris bestiaux poussés par les supporters de foot. CK achète des bières au marché noir, et on se fait une petite soirée tous les 4 après avoir été au marché de nuit chercher plein de petits trucs à manger. On se fait une session trou du cul (le jeu de cartes) jusqu’à 4h du mat, soirée très sympa.
Le lendemain, il pleut encore toute la journée ; on joue au lance pierres, on regarde les photos de Scott, on glande. Le soir on se fait un resto avec le pote avec qui on avait petit déjeuné. CK commande des ‘bees’ (abeilles et larves), tous les mecs en mangent. CK met Morgan au défi d’en remanger ; « Si t’es un homme », « elles sont ou tes boules ?».
Il nous emmène ensuite de nouveau à Kota Barhu, on va manger avec un pote à lui, on goute les ‘half boiled eggs’ qui comme leur nom l’indique, sont des œufs à moitié bouillis, donc avec plein de blanc pas cuit ; un petit gout de vomi original. Ensuite on va dans un bar clandestin, avec des ‘escort’ comme il les appelle ; comprendre serveuses qu’on peut ramener chez soi en les payant davantage. L’alcool est très cher, les gens chantent du karaoké (c’est très populaire en Malaisie, l’une des sorties les plus communes), nous on joue aux cartes et on se fait un billard. Les filles savent y faire avec les consommateurs masculins, elles remplissent les verres, et quand les bouteilles sont vides, demandent avec un regard aguicheur, « je vous en remets ? »
Le lendemain matin il pleut trop, nous ne pouvons pas repartir. On passe l’aprèm sur internet à se renseigner sur la saison des pluies, et les endroits ou elle sévit le plus, sur la traversée pour se rendre à Bornéo et autres détails pratiques pour continuer notre voyage. Machang est inondé, on est coincés ici.
On finit la soirée avec un sketch « I would like to buy a hamburger » singeant l’accent en anglais des français, et à écouter Scott essayer de se souvenir d’une expression québécoise « tape dans l’ fond jsuis pas ta mère ». Puis on se fait l’au revoir avec Scott qui remonte vers la Thaïlande alors que nous redescendons.
Le lendemain on va acheter un parapluie et on repart enfin de Machang, la pluie s’est calmée et il faut qu’on parte si on ne veut pas rester coincer plus longtemps. On remercie bien CK, et on reprend la route.
C’est Asuan, un kiné très gentil qui nous prend. C’est la première voiture de la journée, et il va a Kuala Lumpur (KL), nous avons beaucoup de chance. Sur la route il accepte de s’arrêter à la boutique du polygame ou Morgan à oublié son pantalon. Il dit qu’il ne l’a pas, appelle sa femme de mauvaise grâce mais n’est de toute façon pas décidé à le rendre. On abandonne et on repart. Le trajet avec Asuan se passe très bien, on prévoit daller le revoir pour la période de Noel a Bornéo puisqu’il nous y convie très gentiment dans la famille de sa femme.
Il nous dépose à la gare de Kuala Lumpur. Nous appelons Patrick, notre couchsurfing, puis nous le rejoignons chez lui.
Il nous emmène manger chinois, nous discutons bien avec lui ; nous sommes sur la même longueur d’onde. Puis 2 filles couchsurfeuses arrivent, une Canadienne et une Suisse. Pas trop d’affinités avec elles, nous ne tardons pas à nous coucher.
Je me lève, j’attends que Morgan la feignasse ait fini son roupillon. On va ensuite se promener dans la ville.
On s’arrête dans le quartier Indien, très coloré, très vivant, et on fait quelques achats pour Noel, puis on visite une ancienne gare à l’architecture très travaillée. La mosquée nationale est fermée aux visiteurs, on attend que la prière soit finie pour pouvoir y accéder. On revêt tous deux un tchador violet, et j’ai également le droit a un voile rose qui me va comme un gant.
Patrick nous emmène manger, puis nous allons dans un club de salsa pour les deux filles. Ce n’est pas dans notre budget, on se prend un verre pour deux. Un cowboy nous fait essayer les instruments et on joue autour de la table, c’est bien cool. Ca devient moins sympa quand il m’invite à danser, et surtout quand la chanteuse prend ma main avec insistance pour m’emmener dandiner mon popotin seule sur la piste. La Canadienne monte sur la scène et s’exécute avec plaisir et talent.
On va ensuite voir les Twin Tower de nuit, c’est pas mal mine de rien !
Le lendemain, on va prendre un petit dej chinois, avec plein de petits plats différents, encore des découvertes culinaires, intéressant !
Patrick dépose les filles à l’arrêt de bus et nous garde, nous. On est contents. Il va chercher Wave, une amie à lui, et nous nous rendons à une manifestation en centre ville, pour contester contre une nouvelle loi liberticide. On se retrouve avec d’autres filles, et on se pose dans l’herbe avec nos slogans affichés sur le T-shirt, nos ballons et on regarde les autres scander des slogans qui nous échappent un peu.
On est très heureux de pouvoir participera une ’street demonstration’ ; même si ce sujet ne nous touche pas directement, nous nous sentons impliqués. Arrive derrière nous ‘Auntie.. ?’, l’icone des manifestations pacifiques ; du coup tous les photographes arrivent vers nous, et on devient les semi stars de la manif. Trop de gens viennent nous prendre en photos et on est vraiment sous le feu, non pas des projecteurs mais des flashs. On sera à la une d’un journal sur internet. La manifestation ne dure pas très longtemps ;
à la fin, on veut jouer de la musique sur l’herbe, mais un mec de la sécurité vient nous dégager à deux reprises. On abandonne.
Le soir, on va manger indien dans des grosses feuilles de bananes et avec les doigts, pratique et ca fait moins de vaisselle ! Trop bon et trop sympa.
Le soir, on regarde des vidéos de manifs en Malaisie, l’article qu’a écrit Patrick sur une précédente grosse manif ou il y a eu un mort par non assistance à personne en danger de la part de la police. Il nous explique qu’en Malaisie la situation n’est pas aussi rose quelle en a l’air ; les medias appartiennent au gouvernement, les gens ne peuvent pas se réunir pacifiquement pour revendiquer leurs droits etc. Nous apprenons malheureusement le lendemain, que la PAB (‘Peace Assembly Bill’, nom trompeur bien entendu) a tout de même été ratifiée.
Les jours suivants, on s’occupe des cadeaux, du colis pour Noel, on visite le plus vieux temps hindou de la ville (derrière lequel ils ont collé un gros centre commercial), on écoute Patrick chanter et jouer magnifiquement bien de la guitare…
On se lève a 4h du mat faire une petite rando un jour férié pour voir le lever du soleil. On pensait être seuls, mais raté, ca bouchonne dans l’ascension tellement ya de monde. Plein de chinois qui gueulent, ils sont insupportables. Ca aurait pu être sympa mais trop bruyant, trop de bouchons, je commence à regretter de m’être levée. On voit des mecs qui font l’appel à la prière, trop belle voix, c’est envoutant comme ca au lever du soleil. Et au final la vue est sympa, on est donc contents de l’avoir fait.
En rentrant on fait des lessives, carnet de bord. Le soir on va au night market se faire des essais bouffe. On s’arrête au moins à 6 stands et on embarque de la nourriture pour finir à la maison. Encore un régal. Trop sympa mais on rentre repus de chez repus. Le soir, musique avec Patou.
On se fait aussi un arrêt dans un magasin de musique traditionnelle chinoise ou une fille joue merveilleusement bien un genre de harpe horizontale très mélodieuse ; nous sommes tous sous le charme, Morgan et moi de la musique, Patrick de la fille.
Nous nous rendons ensuite au cours de Kung Fu chinois de Patrick pour voir à quoi ca ressemble. Il nous montre les différents outils utilisés dans les arts martiaux, ainsi que des masques et des costumes utilisés pour la danse du dragon. On s’entraine un peu sur le punching ball, il nous montre quelques figures. On rentre ravis, l’envie de se mettre à un art martial en rentrant en France.
Puis journée shopping pour les cadeaux de Noel, nous sommes fondus dans la masse des autres touristes. On imprime des photos pour donner à Jo et à Ada lors du mariage auquel nous avons rendez vous ; on grave aussi des DVD des cartes mémoires, on poireaute une heure et demi à la poste juste pour savoir s’ils peuvent envoyer un colis. On fait un jam avec Patrick à la guitare et au chant et sa sœur au piano, on rejoint les filles de la manif qui ont un couchsurfeur slovaque.
En rentrant, Patrick monte se coucher, puis il redescend en panique en nous demandant si on a toutes nos affaires. On lui demande pourquoi, et il dit « quelqu'un est rentré dans la maison ». Je lui demande s’il a vu quelqu’un, mais je comprends vite qu’il n’a pas eu besoin quand on voit l’état de sa chambre. Toutes ses affaires sont par terre, sens dessus dessous, on est sous le choc. Il nous demande de vérifier dans notre chambre, mais rien ne semble avoir bougé. Et là, gros stress, pour une fois, ce soir, on n’avait pas pris la sacoche avec les passeports et tous nos sous dedans. On redescend l’escalier en courant et on la voit, ouf… Ca nous fait des frissons de savoir que quelqu’un est entré dans la maison, et on se demande bien comment il a pu rentrer malgré les trois serrures et les barreaux aux fenêtres. Patrick lance un ‘je sais qui c’est’. On le laisse seul dans sa chambre, à bloc entre énervement et inquiétude. Il revient peu après en nous disant que c’est la personne à laquelle il pensait. Apres qu’il ait fumé deux clopes d’affilée et après quelques rires nerveux, il nous explique (après interrogatoire) que c’est une de ses ex qui a ses clés et qui a fait ca parce qu’ils se sont embrouillés. On va se coucher, rassurés et en même temps interloqués.
Dernière journée a KL, on cherche une banque pour retirer des sous, ca nous prend une matinée, puis on retourne à la poste envoyer les colis. Il y a 10 kg au lieu de 5, on va donc devoir envoyer par bateau et non par air (3 mois au lieu de 15 jours), on est déçus. On ne sait toujours pas si Jo vient nous chercher pour aller au mariage à Melacca, il devait rappeler mais ne l’a pas fait. Je le rappelle et il dit « je viens vous chercher ce soir ». On ne s’y attendait pas du tout, ca devait être le lendemain, heureusement que nos affaires étaient quasi prêtes… Patrick nous emmène manger un steamboat, comprendre cuisson à la vapeur, de fruits de mer, nouilles, viande et autres que l’on met au fur et à mesure. C’est un délice.
On voit une famille à coté de nous ou les enfants sont tous sur leur console de jeux, super le repas en famille ! Et c’est loin d’être la première fois qu’on voit ca, ca semble normal ici de manger au resto et que tous les gens soient sur leur téléphone portable. Impressionnant !
On rentre à la maison, on finit nos affaires. Pendant ce temps, Patou va nous chercher des burgers malais, bien gras et remplis de sauce, mais rien à voir niveau gout avec ceux que l’on connait. Jo qui était censé arriver vers minuit/ une heure, s’annonce vers 5 heures du matin… Pat nous dépose au Tesco, on se dit au revoir, un peu tristes de le quitter. Et on essaie de rentrer nos gros sacs dans la caisse de Jo, ca nous prend 10 minutes à réussir à fermer son coffre, puis on part pour Melacca pour ce mariage tant attendu.
Au réveil, on voit Ada et Micha. Jo nous dépose dans la maison ou nous passerons la nuit ; en attendant, on fait une sieste.
Normalement on ne pouvait pas dormir dans la même pièce avec Morgan parce que nous ne sommes pas mariés et c’est une maison musulmane, mais il a dit à la famille que nous l’étions. C’est plus simple pour tout le monde. Ils ne sont pas super souriants et communicatifs. Un oncle du marié nous dit que c’est la religion qui différencie les hommes des animaux, puis il nous dit que nos ancêtres viennent du Moyen Orient. Je ne veux pas rentrer dans des débats stériles avec lui, mais je lui dis simplement que nos ancêtres viennent plutôt de Scandinavie ; il ne bronche pas.
Quand Ada revient dans la maison, on va se promener dans Melacca, vieille ville d’héritage portugais, dont nous avons énormément entendu parler. On visite une petite colline ou se trouve une église. Il y a une cérémonie religieuse avec des Indiens, nous sommes très intéressés, mais Jo Ada, Mek et Micha sont bien plus intéressés par les petits stands de souvenirs et s’arrêtent tous les 5m prendre des photos.
On prend ensuite les tuk tuk pour touristes, archi décorés, kitchissimes à souhait et lumineux. On voit une réplique d’un bateau portugais, un vieil avion, un vieux train, une église de 500 ans. On fait une pause nouilles, puis ils nous emmènent à la plage. Il y a des bouchons de malade, pire qu’a KL. On passe au moins une heure en avançant cm par cm. A la plage, on remange un peu, on fait des photos, puis on rentre à la maison, on remange du kek en buvant du thé, et on papote.
Je passe une nuit de merde ; on dort avec Ada et Micha et Ada ronfle comme une locomotive, un truc de ouf. Même avec les boules quies je me réveille une dizaine de fois dans la nuit. Tu m’étonnes qu’il se fasse pas attaquer par les bêtes sauvages dans la jungle (il travaille dans la jungle, l’équivalent de garde forestier).
Le lendemain matin, on s’habille en costume traditionnel. On pensait que ce serait le cas de tout le monde, mais non pas du tout, on est les seuls... Ils nous ont bien eus ! Micha me maquille, comme ils l’avaient également prévu. Pas le même style en Asie qu’en Europe… 
Morgan m’appelle ‘le travelot’, je ne me trouve pas non plus particulièrement réussie, c’est le moins qu’on puisse dire. J’ai l’air d’une Mama obèse, et Morgan donne l’impression d’être en pyjama. Mais on se fait rire, et les gars nous trouvent classe ou font semblant…
Il fait une chaleur à crever dans leurs habits. On arrive enfin sur le lieu. Il devait y avoir 1000 personnes mais on pense que c’est moins. On doit être deux à ne pas être voilées… Les mariés précèdent les percussions et vont s’asseoir dans le fond pour la séance photos. Les gens leur jettent un par un du riz coloré dans les mains, ainsi que des herbes et du lait ; on y passe aussi.
Les gens ont commencé à manger avant l’arrivée des mariés. Chacun mange comme il veut, ca n’a rien à voir avec chez nous. Et au final les mariés sont sur une table à part avec quelques membres de leur famille. Vraiment étrange.
Puis des petites filles et petits garçons supra maquillés arrivent, ils sont chargés avec leur 3cm de fond de teint et leurs faux cils (pour les filles). Ils dansent pour les mariés sur des rythmes traditionnels. Les petites filles sont très gracieuses.
Puis on passe à table ; on mange avec les mains. Les serveurs débarrassent systématiquement les assiettes finies. Il y a encore un karaoké à coté pour les amateurs. On goutte du vin de riz, rien à voir avec notre bon vin, ca a un très fort gout de fermenté, pas terrible. On fait ensuite des photos là ou étaient les mariés, et les gars procèdent à notre mariage…
En repartant on se voit offrir des petits paquets, comme tous les invités, contenant œufs durs, cake, tasse et parfum pour la voiture !
On est très contents d’avoir pu participer à cet événement, même si on ne s’est pas sentis autant accueillis et à notre aise que dans la fête bouddhiste à laquelle on avait assisté. On a eu pas mal de sourires de femmes, mais tout le monde ne semblait pas content de nous voir là. On espère ne pas avoir piqué la vedette aux mariés.
Au final, le mariage tant attendu depuis ces 15 jours n'aura duré en tout et pour tout qu'une heure et demi pour nous...
On se rend ensuite chez Kahima, la sœur de Micha, qui a 8 enfants. On se change, on mange des ramboutans (petits fruits rouges poilus). Mek mo
L’aprèm est bien sympa, mais sur la fin tout le monde parle et rit en malais, et on est un peu perdus. Et quand ils traduisent, on ne s’y retrouve pas forcément dans leur humour. Différence de culture…
A la base on avait prévu de rester à Melacca et de demander aux bateaux pour aller a Bornéo, mais on avait complètement zappé le visa pour l’Indonésie, puisque jusqu’à maintenant on n’avait pas eu besoin de visa ni pour la Thaïlande ni pour la Malaisie, et on n’avait pas pensé au problème que même si on arrivait du coté malaisien de Bornéo, on traversait les eaux indonésiennes et qu’en cas de contrôle de police, c’était la taule... De plus, le bateau stop parait compromis vu la taille du port et la saison des pluies qui rendent l’opération compliquée et dangereuse. On décide de remonter à KL pour faire le visa, au moins on ne devra pas refuser si un bateau nous accepte et qu’il arrive sur la partie indonésienne de Bornéo. On reprend la route avec Ada et Micha qui remontent a Ipoh. On se refait des adieux, les vrais cette fois ci… Parce qu’ils n’auront jamais les sous pour venir en France, et que nous ce n’est pas forcément la Malaisie ou nous retournerons en premier… Mais on se donne rendez vous dans 10 ans. Et qui sait, on verra ce que la vie nous réserve.
On monte dans la voiture de Jo pour la fin du trajet, et on parle polygamie (il aimerait avoir plusieurs femmes s’il en a les moyens financiers), homosexualité (qui est pour lui un trouble mental). Intéressant et consternant qu’on ait pu sembler si proches sur la plupart des choses, et si éloignés sur ce genre de sujet.
On va manger un dernier rôti canai, et il nous dépose chez Pat.
On se lève tôt pour aller à l’ambassade, mais ca n’aura servi à rien, puisque ce n’est pas la française ou il fallait nous rendre, mais celle d’Indonésie. Craquage dans mon cerveau, trop bête, surtout qu’on a galéré à trouver l’entrée de cette ambassade. Arrivés à la bonne ambassade, on voit une foule devant et à l’intérieur, du jamais vu dans une ambassade. Morgan s’en voit refuser l’entrée, il est en pantacourt. Je vais donc chercher les papiers à l’intérieur et on va faire photos et photocopies juste à coté ou il y a un petit business. Le temps qu’on finisse tout ca, c’est déjà trop tard pour rendre les documents ; il y a un nombre limité de demandes dans la journée et il est déjà dépassé. On va donc en ville chercher un pantalon pour Morgan, en vain. On bouine et on rentre à la maison. Patrick rentre, et deux couchsurfing américains arrivent. Un couple très sympa qui a monté son ONG et qui bosse sur des projets environnementaux ; ils voyagent depuis 6 ans. On passe une bonne soirée à échanger, regarder des photos de maisons écolos, et faire de la musique.
Le lendemain, on profite de la voiture de Patou pour se rendre à l’ambassade. On veut payer en dollars, c’est beaucoup moins cher d’après ce qu’on nous a dit, mais les money changer ne sont pas ouverts. Grosse galère, ils n’ouvrent qu’à 10h15 et on doit être le plus vite possible à l’ambassade. Je laisse Morgan prendre des dollars pour payer le visa pendant que je vais faire la queue à l’ambassade. Il me rejoint pile à temps au guichet, et on fait une demande pour deux mois d’Indonésie. Ils n’acceptent pas les dollars finalement… On va ensuite à l’office de tourisme, à la poste ou j’ai un petit accident de colle ; tout le pot s’éclate sur moi et sur l’enveloppe. Apparemment c’est pas la première fois que ca arrive, une autre touriste me dit que ca lui est arrivé et qu’elle a du repayer tout un paquet d’enveloppe…
Le soir on se mate un petit Rango, premier film depuis qu’on est partis, ca fait plaisir. (En Anglais, grande première pour moi, petite parenthèse signé Morgan)
Le lendemain on a hâte de connaitre la réponse pour le visa. On se fait une bonne grasse mat et on retourne à l’ambassade. Les deux mois sont acceptés, nous sommes ravis. Autre bonne nouvelle de la journée, Aurore n’a pas pris son billet pour Bornéo et on peut changer nos plans et aller passer Noel en Indonésie. Nous sommes heureux !
Le lendemain, Pat nous dépose au train pour nous rendre au port de Kl essayer le bateau stop, mais cette fois ci pour l’Indonésie. C’est avec un peu d’émotion que nous lui disons au revoir, car une de nos meilleurs rencontres depuis le début de notre voyage.
On arrive tout prés du ferry, on va prendre quelques infos et on marche à la recherche de bateaux. Une grosse pluie nous vient dessus quand on commence le stop. Une première voiture, puis une deuxième. Le premier a une sale tronche, je lui dis ‘no money’, il dit ‘non’. Nous allons nous abriter dans le véhicule du 2eme qui nous demande combien voulait le premier. Lui aussi refuse sans argent. On va s’abriter dans la cahutte d’un mec qui relève les plaques d’immatriculation des camions qui entrent dans le port. Il n’a pas l’air overbooké, c’est le moins qu’on puisse dire. On reste ¾ d’heure avec lui, le temps que ca se calme. Il a une porte, mais pas de fenêtres, et la pluie rentre à l’intérieur ; il a choisi d’adopter la zen attitude et ne semble pas trop s’en formaliser. Un de ses collègues propose de nous déposer au port du nord, le port des cargos. Un gros truc qui ressemble à un péage vu de l’extérieur. De l’intérieur on ne sait pas, on n’arrive pas à y rentrer… Un mec vient nous parler savoir ce qu’on fout là, et nous dit que la police nous laissera pas franchir les barrières. On attend un peu sans trop savoir comment s’y prendre, entre tous les camions et les voitures qui s’y engouffrent. On va voir le bureau de police, ils nous laissent à peine finir notre discours et nous répondent ‘non, non, c’est pas possible’ à trois reprises. On retourne devant, avec cette fois un panneau dans les bras indiquant qu’on recherche un marin. On y reste un petit moment avant que la connasse de la police nous dise qu’ il n’y a pas de marins dans le port :) et qu’on perd notre temps. On décide de s’éloigner pour que des voitures de capitaines puissent nous prendre avant les barrières.
Un lorry driver s’arrête, il est un peu chelou mais assez friendly. Il nous dit qu’on trouvera peut être plus notre bonheur dans le port ouest, un autre port de cargo, ou les marins entrent et sortent plus régulièrement que là ou nous sommes. On se décide à y aller, mais il reste avec nous, on ne sait pas trop ce qu’il attend. On va de l’autre coté de la route mais personne ne va ou l’on veut. On monte donc avec lui une fois qu’il a fini de délivrer ses cargaisons. Il nous laisse à une station essence, et on demande à des camions s’ils peuvent nous emmener au port ouest. Un Indien trop cool vient nous aider, c’est le patron des deux lorries, et il nous fait un brin de causette pendant que le camion fait le plein. Il est très intéressé et nous raconte qu’il a rencontré un homme il y a quelques années, qui faisait le tour du monde en moto. Il prend congé.
Le chauffeur de camion ne parle pas anglais. Il fait une petite photo et nous dépose à l’embarcadère pour les croisières. On se décide à aller y jeter un coup d’œil quand même.
Une voiture s’arrête, un jeune qui a l’air très gentil. Il nous dit qu’il vaut mieux aller à l’embarcadère des cargos ; il fait demi-tour pour nous emmener. On apprend sur la route qu’il est flic à cet embarcadère, on se dit qu’on aura peut être un laisser passer. Au lieu d’un laisser passer, il nous sort ’10 dollars’. On hallucine et on est dégoutés, ca fait beaucoup en une journée. On lui dit non et on se casse.
On va direct dans le bureau des flics leur expliquer ce qu’on recherche. On doit expliquer à un, puis deux, puis trois, puis quatre. 2mecs sont trop cool et se fendent la gueule parce qu’ils ne comprennent pas pourquoi on ne prend pas le ferry. On se tape une bonne session de fous rires avec eux. Un autre nous dit direct que si on veut rentrer, il faut le nom d’un bateau, d’un capitaine, et une lettre de sa part nous autorisant à rentrer. L’un d’entre eux montre un blanc du doigt a l’extérieur et nous dit « allez essayer de demander à votre ami ». On va les voir, ce sont des marins croates ; un seul prend le temps de nous écouter. Il nous dit que c’est pas possible de nous prendre, mais nous donne le nom du bateau et du capitaine. On retourne au bureau des flics avec notre menu fretin, mais semble-t-il, notre seul espoir de pouvoir accéder au terminal. Ils nous disent qu’il faut repasser le lendemain à 23h, heure à laquelle le bateau embarque, avec une lettre du capitaine. Mais sans son contact et sans moyen d’entrer à l’intérieur, ca parait compromis.
On décide d’essayer à un autre endroit et on se remet au stop. Un jeune chinois nous emmène à Glenn Cruise, l’embarcadère croisière ou nous étions peu avant. Les gardes nous arrêtent à l’entrée et ne veulent pas nous laisser rentrer. On va se poser plus loin, réfléchir. Un coureur vient nous dire que les gardes nous rappellent. On y retourne, et on voit une femme qui nous dit que nous aurons besoin d’elle puisqu’elle parle anglais et eux malais. Son mari nous sort « deux gens bizarres dans un lieu bizarre ». Apres une discussion d’explication de ce que nous cherchons qui ressemble à toutes les autres, ils nous proposent de voir de prés le bateau et de nous inviter à dormir chez eux. On mange dans le resto du staff ; ils nous disent qu’ils ont beaucoup voyagé en backpackers, ‘à l’aventure’. Elle est femme au foyer, un peu desperate, sans enfants, et elle semble s’ennuyer beaucoup ; lui travaillait dans la marine, c’est pourquoi ils habitent tout prés du terminal. Ils vivent dans une vieille usine. L’ambiance du quartier est trop bizarre. Plein de bâtiments vides et désaffectés, un calme un peu inquiétant, personne à part eux et nous et un monsieur qui recycle du plastique à quelques mètres de là. Les zones portuaires ne sont décidemment pas très chaleureuses.
Adela nous explique que tout a été volé sur ces usines ; entourures de fenêtres, tuyaux, rampes d’escaliers, charpente, grillages, vitres etc. Et leur maison dans laquelle ils ne s’étaient pas rendus pendant 2 /3mois a subi le même sort. Adela semble en avoir été très affectée. Il y a maintenant 3 cameras de sécurité, plein de cadenas. On se couche et on se prépare encore à une rude journée. Ce soir c’est Monstres et Cie, en français cette fois.
Adela nous réveille, elle essaie de nous caser dans le ferry de 11h avec toute sa détermination. On lui explique à grand peine qu’il est trop tôt pour nous d’abandonner. Elle nous dit que ce projet est lié à notre ‘grand égo’, et à deux reprises elle dit avec grande conviction que les indonésiens se débarrasseront de Morgan puisqu’ils ne voulaient qu’une chose, me violer.
Elle nous emmène au yacht club voir si on peut trouver quelqu’un, mais principalement pour nous emmener à déjeuner. On commande un hamburger pendant qu’elle nous indique un voilier étranger. On va lui demander, il est très gentil et drôle mais ne va pas en Indonésie… Il dit que c’est très dangereux pour les voiliers de s’y rendre àcause de la corruption là bas. Il reçoit très bien notre demande et essaie de nous aider. Adela l’invite à boire une bière et il reste avec nous le temps du repas. Il nous fait ensuite visiter son bateau. Il nous remercie de les avoir présentés, ils vont essayer de faire des affaires ensemble ! Si on peut rendre service…
Ensuite, Adela nous emmène au dernier port de marchandise en nous disant qu’on n’arrivera pas à y rentrer. Et si ! On arrive pour la première fois à s’approcher de bateaux de marchandise, on n’aura jamais été aussi prés du but. On demande à deux bateaux qui nous répondent qu’ils ne parlent pas anglais et qu’ils ne vont pas en Indonésie. Le troisième est sur le départ, mais on demande quand même à un de ses occupants : « Are you going to Indonesia ? », il répond « yes » ; on lui dit « Can we come with you ? », il répond « no ! ». Simple mais efficace. En même temps il y avait des visages assez peu avenants et c’est peut être pas si mal comme ca. Les hommes dans le port ont l’air pauvre et pas très contents de nous y voir. Adela nous explique que les capitaines risquent leur permis et même plus, de prendre des passagers clandestins sur leur bateau, et qu’il y a beaucoup d’indonésiens qui cherchent à passer par ce moyen de transport, c’est pour ca que la législation est dure, qu’il y a beaucoup de contrôles et que les capitaines sont réticents. De plus, pour nous, il y a le problème du tampon de sortie de Malaisie et d’entrée en Indonésie sans lesquels la police peut vraiment nous faire chier.
On décide de continuer à essayer l’aprèm. On retourne chercher nos sacs à la voiture d’Adela, on repasse l’air de rien la barrière, il croit qu’on est des matelots et nous laisse passer. On se pose à l’intérieur, mais peu de temps après, le gardien nous réexplique ce qu’avait dit Adela, mais plutôt en mode conseil que menace ou dédain. Ca veut aussi dire qu’on ne peut pas rester ici, puisque c’est illégal.
On reprend la marche jusqu’au ferry, ayant épuisé les autres solutions pour traverser le détroit de Melacca. Aux guichets, toutes les compagnies semblent de mèche pour nous faire prendre la destination la plus onéreuse, Dumai. On achète donc nos tickets pour le lendemain à destination de Tanjungbalai, et on se pose sur les rochers le reste de l’après midi.
En soirée, on discute avec deux indiens qui viennent passer la soirée là, mais on se fait dégager par le garde. On essaie de se poser sur les bancs, l’air de rien, mais on se refait dégager. On ne sait pas où dormir et le coin n’est vraiment pas très sympa. On se dirige vers la gare mais on ne peut pas y rentrer. Un Indien vient nous aider et nous suggère un temple hindou non loin d’ici. On s’y rend à pied, et une voiture s’arrête, une famille d’Indiens adorables qui veulent aussi nous aider. Ils vont demander au temple mais le gardien refuse pour des raisons de sécurité. Ils sont plus désolés que nous, et se proposent d’aller demander à un autre petit temple. Quand on y arrive ils y sont déjà et nous disent que c’est possible. On est quand même soulagés. Ils repartent, nous avons chaud au cœur de toutes ces rencontres.
On installe la moustiquaire, il y a trop de moustiques. J’ai trop chaud, ca manque d’air, et des gros poids lourds passent juste à coté de nous toute la nuit.
Le gardien du temple nous réveille à 6h30. On marche jusqu’au ferry. Il y a un monde fou, et on ne sait pas où faire la queue, puisqu’il y a plein de monde partout de façon anarchique. C’est un bordel monstre. On passe nos sacs dans le détecteur, puis un soldat nous fait signe de nous asseoir direct. On attend un bon moment pendant que tous les autres font la queue, on ne comprend pas trop comment ils sélectionnent les gens. Puis vient notre tour, on avance progressivement, avec nos deux têtes de plus que tout le monde.
En arrivant sur le quai, des mecs nous disent qu’il faut payer pour les bagages en se fendant la gueule. On ne les croit pas, mais deux gars de Singapour nous confirment qu’il faut payer. On s’y résout et on monte dans le bateau. Départ prévu pour 10h, au final nous partons a 13h.
Traversée trop bizarre, on se sent pas à notre place, les gens nous fixent méchamment. Un mec essaie de me toucher les fesses et se marre. Heureusement, àla fin, une femme me laisse son numéro et me dit de passer la voir àMedan ; ca finit sur une note positive. L’arrivée est chaotique, tout le monde pousse là dedans.
Ca y est nous mettons un pied en Indonesie, dans moins d’une heure il va faire nuit, et nous ne savons pas ou nous allons dormir…
By Claire
Je voulais quand même faire un encart, pour dire ce que j’ai ressenti sur se pays.
Tout d’abord l’arrivée, j’avais mal compris et je pensais que c’était moins développé que la Thaïlande, au final c’est l’inverse. Ce fut un choc quand on s’est retrouvés sur l’autoroute, à voir des accidents partout, des panneaux de régulation de vitesse mais paradoxalement des gens qui roulent bien plus vite qu’en Thaïlande. Contrairement à la Thaïlande et la Birmanie, c’est un pays dit développé. Je dirais plutôt modernisé.
Si j’ai bien compris, le développement prend en compte seulement le point de vue économique, car pour ce qui de l’environnement c’est la catastrophe. Les gens jettent tout partout, laissent les lumières allumées tout le temps, laissent leur voiture tourner pendant 30 minutes…et tous les paysages on eu le droit a une déforestation pour être remplacés par des palm tree ou des rubbers tree plantés comme du mais. Au port de plaisance, je regrette de ne pas avoir pris de photo, mais la mer était remplie d’ordures, réellement remplie d’ordures. Ca fait vraiment mal au cœur et dans ces cas la je me dis qu’il y a peu de chance de sauver notre pauvre planète. J’ai souvent plein d’espoir en l’humain, mais quand je vois ca, je me dis que nous ne méritons pas notre place ici. Je ne vais pas m’étaler sur le sujet, mais je colle ce lien, pour ceux qui ne l’ont pas vu, je vous demande de le regarder, le film Home : http://www.youtube.com/watch?v=NNGDj9IeAuI
Je vous colle aussi un autre lien d’une vidéo faites lors dune des rares manifestations de Malaisie, c’est aussi une réalité du pays, si vous voulez la voir, le montage video et vraiment tres bien fait : http://www.youtube.com/watch?v=vCetbFLceFI
Désolé pour cette partie plutôt négative, je vais continuer sur mes impressions. Jai trouvé qu’il manquait une identité a ce pays, car ici pour être Malais il faut être musulman. Il y a aussi beaucoup d’indien et de Chinois immigrés depuis plusieurs générations, mais j’ai eu l’impression qu’ils se revendiquaient plus de leur pays d’origine que malais. J’ai trouvé ca un peu bizarre. Pour dire en ecrivant le titre de l’article je ne savais pas comment dire bonjour en Malay.
Le gros avantage de ce mix de culture, a été la nourriture, un régal, mais ca n’arrêtait pas. Je suis tombé amoureux des plats indiens. Les découvertes chinoises on été bien sympa aussi. On ouvrira peut être un resto avec Claire en rentrant pour vous faire découvrir :)...
On a été très bien accueillis par les gens en règle générale, surtout la bande d’Ipoh et Patrick a Kuala Lumpur, on s’est vraiment sentis comme chez nous. Les circonstances ont été que nous avons fait peu de stop mais plutôt à rester longtemps dans les endroits. Ca a eu beaucoup de bons cotés, mais j’avoue que sur la fin on avait vraiment envie de repartir à l’aventure. C’est bien le cas maintenant en Indonésie, mais chut vous en saurez plus dans le prochaine article. Et lun des tres bon cote a ete pour mon anglais. Le niveau étant très bon en Malaisie et l’a ccent facile à comprendre, ca m’a permit une progression très forte. J ’ ai encore beaucoup de travail en Australie, mais c’est un bon début.
Je ne vais pas débattre sur la religion, car c’est un sujet bien délicat. Juste dire qu’avant d’arriver en Malaisie les 2 autres pays d’avant m’ont pas mal déçus par rapport aux musulmans. La Malaisie a bien rattrapé le coup, mais je reste tout de même avec une image un peu négative. Mettre la femme à un niveau inferieur et ne pas vouloir remettre la religion au gout du jour est un problème je pense. Surtout après comparaison avec la Birmanie, ou je suis convaincu que c’est le Bouddhisme qui est pour une part coupable de ce si grand bonheur des gens. J’ai l’impression qu’il rend un fort pourcentage des pratiquants de l’islam malheureux. Il est fait d’interdits et je pense que le problème commence là. Bref je ne vais pas m’enflammer. Nous sommes maintenant en Indonésie dans le pays au plus fort taux de musulmans au monde, j’aurais peut être changé d’avis sur la question après la traversée ou en tout cas évolué sur la question.
Petit paragraphe dedicasse a Baptiste ; le coup de la vie : 1euros = 4 Riggints ; La vie est un peu plus cher, pour un repas il fallait compter 6 Riggints dans la rue, mais les plats etait souvent plus copieux, que les 2 autres pays. 1 heure de bus a KL est de 3 Riggints...
J’espère que le récit de nos aventures vous permet de vous évader !
Nous vous souhaitons à tous et à toutes un très Joyeux Noel et une Bonne Année 2012, nous pensons fort à vous.
Ps1 : Orang = Homme et Outang = Jungle...
Ps2 : Le 20 décembre 2011 nous avons passé l’équateur dans le cul d’un camion, ou nous avons attendu 22 heures que la route soit débloquée des éboulements... la classe non ???
By Morgan
La Malaisie en quelques chiffres :
- 33jours dont 7jours de stop
- 1600 km
- 24 véhicules
- environ 350euros chacun (y compris les cadeaux de Noel)
